Je crée ma première société de courtage d’art, ASM Diffusion, en 1979 à Carcassonne. A cette époque, je vivais dans un petit village médiéval du Minervois, Azille, rue des 4 coins.
En 1981, je crée ma première galerie d’art, la Galerie des 4 coins, du nom de la rue de mon village occitan. Elle sera localisée à Roanne où je commençai à commercialiser les oeuvres d’artistes Bruts et Neuve Invention dont personne ne voulait à l’époque.
L’année suivante, avec mes amis artistes, je crée l’Association Quadrillages. C’est en fait l’ancêtre de l’Art en Marche : les mêmes vocations, ateliers de pratique artistique pour enfants et adultes, ateliers agréés par la Formation permanente pour adultes, par le GRETA et autres organismes socio-professionnels qui luttaient déjà contre le chômage, et aussi promotion des jeunes artistes de la région roannaise.
Le ministre Jean Auroux, maire de Roanne, avec qui j’aimais parler politique, nous fit un bail de la plus ancienne maison bourguignonne de la ville de Roanne, maison à colombages classée avec un charme tout particulier. Dans ce lieu, nous organisions des expositions pour tous les jeunes artistes qui venaient me solliciter à la galeire et à qui je devais toujours dire non. Ce lieu vivra aussi longtemps que la galerie de Roanne, et, en 1987-1988, deviendra l’Art en Marche.
Nous avions changé de nom en même temps que nous lancions la première foire d’Art Contemprain en province au Parc des Expositions de Toulouse. Une fois de plus, nous étions de précurseurs. En effet, à cette époque-là, il n’y avait comme foire que la FIAC à Paris.
La motivation première était que depuis 4 ou 5 ans, le comité de sélecteur et d’organisation de la FIAC me blaqueboulait et refusait d’exposer de l’Art Brut au Grand Palais comme si cet Art Brut était un art mineur. « Merci M. Dubuffet ! »
L’Art en Marche réunit cette année-là 75 galeries françaises et étrangères où l’Art Contemporain était représent grâce à des galeries aussi prestigieuses que la Galerie Protée, mais aussi des galeries de province qui défendaient l’Art Brut, en particulier la Galerie d’Antoine de Galbert de Grenoble, qui depuis a créé la fameuse Maison Rouge à Paris.
Lors de ces foires, nous avons accueilli des conférences, des tables rondes sur le mécénat, sur l’Art Brut, sur l’Histoire de l’Art, et nous avons eu la chance d’accueillir mes amis François Matey, conservateur de musée, Remo Vescia, specialiste du mécénat d’Art, conseiller de Jack lang au Minsitère de la Culture et de Jacques Chirac à la Mairie de Paris, Alain-Dominique Perrin, Dominique Baudis, et des petits jeunes à qui nous avons mis le pied à l’étrier en quelque sorte, comme Laurent Danchin, qui encore à l’époque avait le cul entre deux chaises, l’enseignement ou la littérature (il n’a jamais été aussi heureux et aussi prolixe que depuis qu’il est à la retraite), et tous les autres…
Pierre Souchaud et sa revue Artension étaient présents sur la foire.
La seconde année, lors de l’édition de 1988, Gérard Sendrey, qui travaillait à son projet de site de la Création Franche à Bègles, put accrocher une trentaine d’artistes de sa collection gracieusement à nos cimaises, 300 mètres de linéaire à Toulouse, pour que l’on parle un an avant son ouverture de ce lieu que maintenant tout le monde connait. L’Art en Marche était toujours partant pour filer un coup de pouce à tous ceux qui défendaient ces artistes.
Voilà, c’était il y a 25 ans ! Depuis, l’Art en Marche a fait le tour du monde, Shanghaï, New York, l’Espagne, la Suisse, le Maroc, presque toute l’Europe. J’ai toujours été le premier mécène de l’Art en Marche. Et cela a été possible car l’Art en Marche était le meilleur outil de communication pour la Galerie des 4 coins, qui malheureusement n’existe plus depuis que j’ai pris ma retraite en 2001.